Cie ELEPHANTE / Sandra Français
- Pôle 164 Marseille
- 19 juin
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 10 oct.
Résidence de création 27 avril >1er mai 2026
« Basalte »
Solo de Danse en strates géologiques

COMME LA LAVE QUI SE TRANSFORME EN BASALTE, JE CHERCHE À GARDER UNE TRACE DU MOUVEMENT DANSÉ POUR EN CONSERVER UNE MÉMOIRE.
Le Basalte est une roche magmatique, produit de la solidification de la lave. C'est le résultat d’un processus dynamique qui représente l’émergence de force et de solidité à partir de la chaleur et de la pression d’un volcan. La transformation d’une matière épaisse, fluide et brûlante vers une fondation dense et solide. Chaque fois qu’une émotion puissante émerge en moi, je cherche à danser quelque chose avec ce feu et tout ce qui a fait éruption. Chaque geste est devenu une pierre pour construire ma base. Comme si je pouvais devenir mon propre volcan, capricieuse et ébranlable, éruptive, liquide comme la lave, solide comme la pierre.
Dans un processus créatif transdisciplinaire, entre chorégraphie, sculpture et arts numériques, je cherche à créer un objet de mémoire pour la danse. Du liquide vers le solide, du jaillissement d’énergie vers l’ancrage du concret.
Sandra Français explore son propre mouvement comme un géologue capable de traduire la formation des strates d’histoires qui façonne une gestuelle.
Avec Basalte, elle met en scène une fiction, celle d’un futur où
une machine enregistre des données chorégraphiques afin de créer un objet en prévision d’un éventuel black-out (une perte totale des données). Cet exercice met en lumière les limites de la machine lorsqu’il s’agit d’interpréter certains aspects de la danse, notamment ceux qui relèvent du ressenti ou de l’intériorité.
En studio, dans un processus de rigueur mathématique, l’artiste confie sa danse à un dispositif de motion capture puis à un artiste digital qui transpose visuellement les données de la chorégraphie en volumes numériques.
En scène, le solo, sensible, place en perspective ces images témoins de l’épaisseur, projetée en vidéo. Ce dispositif scénique tisse un parallèle entre le langage de la danse et celui d’une écriture visuelle : il permet aux spectateurs de faire le lien avec la notion de mémoire et de partition chorégraphique. Les projections vidéo deviennent alors une archive du geste.
Le contexte amène les spectateurs à observer le corps dansant comme un géologue examinerait une pierre, et invite à appréhender le corps comme un lieu d’accumulation d’informations et de transformation.
En confrontant la précision mathématique de la motion capture à la poésie inquantifiable de la danse, le projet interroge ce que l’on peut saisir de l’humain et ce qui, en nous, échappe à toute mesure.
En marge de la scène, une sculpture, visible avant et après la représentation, prolonge cette intention. La mémoire trouve ici une concrétisation tangible dans la sculpture, véritable objet de strates qui matérialise le virtuel et reste dans le temps.
Basalte offre aux spectateurs une expérience en deux temps : d’abord l’immersion sensible dans l’univers du spectacle, puis la possibilité d’approfondir cette expérience en découvrant comment les technologies de capture et de modélisation nourrissent la recherche artistique. Cette démarche ouvre des pistes de réflexion sur la transmission de la danse aux générations futures.
En transformant le geste dansé en strates numériques puis en sculpture, Basalte crée une forme inédite de partition, qui dépasse les notations traditionnelles. Là où la danse s’évanouit habituellement dans l’instant, cette œuvre propose une mémoire solide, une archive sensible qui relie l’éphémère du mouvement à la permanence de la matière. Elle interroge ainsi la manière dont l’art peut se transmettre, non seulement par le corps et l’expérience directe, mais aussi par des objets hybrides, à la croisée de l’art, de la science et de la mémoire.
ÉQUIPE ARTISTIQUE
Sandra Français / Direction artistique Chorégraphe - Danseuse
Martin Goodwin / Compositeur MAO
Julien Bayle / Artiste digital
REPERES
Mon nom est Sandra Français,Je suis trente-six ans de mouvements.
Mère française, d’origine polonaise,Père français, d’origine espagnole,et moi, je m’appelle Français ...J’ai les mains de ma mère, la forme saillante de son visage slave, douceur, drame et mélancolie,
Les tâches de rousseur, ma peau qui brunit, mon corps grand et musclé rendent hommage à mon père.Sa puissance et sa colère, c’est mon épice à moi.Quelle est la forme du caillou de loin ?
J’ai l’air forte.Le suis-je ?Qu’est-ce que je porte, avec cette charpente, ces épaules ?Ce que portaient mes ancêtres,la détermination, le courage,ma posture le crie.Dans mon corps, quelque chose de relâché,Je cherche d’où ça vient.Quand je me tiens debout, droite, je vois quelqu’un qui n’a pas peur, Quelqu’un qui résiste.J’ai grandi à Marseille. Je suis une femme. Je fais attention, dans la rue, j’ai une démarche masculine.qui dit « me cherche pas »Je me demande si mon corps à l’accent marseillais.Mon visage, quand je relâche tout, semble triste,Mais dedans, une paix sourde, calme, intacte.Parfois pourtant, un rien m’ébranle, c’est comme si j’allais m’effondrerLe monde extérieur peut provoquer une fissure d’où quelque chose éclate Ça ruissèle de partout.Mon monde intérieur, vers vous.
Compagnie ELEPHANTE
Depuis la création de la compagnie Éléphante en 2013, la chorégraphe Sandra Français développe un langage minutieux et singulier, donnant vie à des projets aux formes hybrides : des spectacles en salle et en espace public, des courts et moyens métrages de danse.
Si la forme varie, le fond lui, puise toujours son inspiration dans la fascination de Sandra pour le Futur et les Sciences. Son travail et ses sujets de recherches sont imprégnés par des faits scientifiques et historiques, elle se réapproprie des théories qui deviennent des moteurs pour sa créativité. Ces thèmes guident sa démarche artistique vers des problématiques environnementales et sociales qui lui permettent d’approfondir sa réflexion et lui donnent envie de rêver d’autres futurs possibles.
L’esthétique futuriste, graphique et élégante de ses pièces est aussi influencée par les romans ou films d’anticipation, son univers poétique devient une opportunité pour elle d’infuser un message pour les spectateurs et d’ouvrir le débat sur les sujets qu’elle aborde.
En jouant avec les perceptions et l’imaginaire du public, elle cherche à faire émerger d’abord une émotion, une curiosité, puis comme un travail subliminal, elle espère faire éclore plus tard chez le spectateur une réflexion sur le monde.
Ses principaux axes de recherches prennent racine dans l’origine du monde, la biologie et la mémoire, faisant des grands écarts pour articuler une vision qui interroge sur ce que l’on a été, ce que l’on est et ce que l’on pourrait devenir.
Au fil de ses créations, son appétence grandit pour le travail avec les objets et son besoin de confronter ses chorégraphies avec d’autres éléments qui imposent des contraintes tangibles et l’obligent à inventer de nouveaux chemins.
Elle travaille notamment avec des casques de neuroscience, un plateau tournant motorisé, des objets lumineux, des costumes insolites, des scénographies amovibles qui permettent sans cesse de réinventer l'espace et les corps.
Soutiens et partenaires
Pour ses précédentes créations la compagnie a reçu le soutien de : Ville de Marseille, Conseil départemental des Bouches- du-Rhône, DRAC PACA, KLAP Maison pour la Danse, Stereolux, Scène 44 n + n Corsino, Pôle 164, Système Castafiore, Ballet National de Marseille, le Grain de la Vallée, Danza l’Umbra, Théâtre Golovine, Compagnie Ex Nihilo, Lieux Publics, ANDRA (Agence Nationale pour la gestion des déchets radioactifs). Sandra a été lauréate de la Biennale des Jeunes Créateurs d’Europe et de la Méditerranée en 2013 avec le projet Alpha.
